Résumé : nous étions donc partis une cinquantaine de personnes pour le
Contre Sommet de l’Otan à Strasbourg, dont trois de bayonne.

Question : Comment s’est déroulée la manif ?
Réponse : déjà, c’était un peu embrouillé, avec des départs échelonnés
entre 4 et 11 heures du matin. Toute la nuit, nous avons à peine pu
dormir parce que les hélicoptère rasaient le campement à grand renfort
de bruit de pales. Moi personnellement je suis partie à 11 heures,
avec le groupe de Toulouse, mais avec quelques amis, nous avons vite
décidé d’allonger le pas pour rejoindre le début de la manif. Il était
question, je le rappelle, d’empêcher la poignée de main « historique »
entre Sarkozy et Merkel, sur le pont de l’Europe, qui devait avoir
lieu à 15 heures.
Question : Quel était le trajet de la manif ?
On avait un trajet agréé par la préfecture, mais c’est en arrivant au
point de rencontre que nous avons appris, en lisant le journal (DNA)
que le trajet avait été changé pendant la nuit, en fait, la confusion
la plus totale reignait sur cette manifestation, nous n’avions aucune
idée d’où aller, nous étions bloqués bien en aval du lieu de rendez
vous par des cordons de CRS très impressionnants.
Question : Comment vous êtes vous retrouvé sur le pont de l’Europe ?
La question n’est pas de savoir comment on s’est retrouvé sur le pont
de l’Europe mais de savoir pourquoi nous n’avons pas été plus
nombreux. Non, sérieusement, d’un coup, les CRS, qui bloquaient toutes
les voies nous ont cédé le passage, et moi, comme d’autres militants
pacifistes, nous nous sommes précipités pour faire la jonction des
manifs allemande et française. On s’est littéralement rué sur le pont,
à chaque mètre, nous disions : tu crois qu’on est déjà en Allemagne ?
C’est quand on a vu les panneaux « die zoll » qu’on s’est arrêté. De
toutes façons on ne pouvait pas aller plus loin, le pont était bloqué
par des polizei allemands à l’air « pas tibulaires, mais presque »
ainsi qu’avec des chars. Dès que nous sommes arrivé en face des forces
allemandes, nous nous sommes assis sur le sol en chantant des slogans
contre les frontières.
Question : Que pensez vous des black blocs ?
Je suis contente que vous disiez black blocs et pas black bocks ou
black boys comme j’ai pu le lire dans différentes presses régionales
ou nationales. Nous étions certains que des incidents pourraient
arriver, on nous avait, notamment, prévenus de ne pas mettre de
vêtements sombres pour ne pas être amalgamés. Les black blocs
représentent un mouvement anarchiste allemand né dans les années 80 et
qui a été théorisé notamment par Hakim Bey, dans son ouvrage « TAZ »,
leur but est de créer des zones d’anarchie temporaires loin de l’état
de droit.  Franchement les black blocs, ils nous ont cassé notre
manif, on était à peine sur le pont qu’ils ont commencé à mettre en
feu l’ancien poste de douane et à ériger une barrière entre nous et le
reste des manifestants. Sans eux, je crois qu’on aurait pu passer. De
même, plus tard, alors que la manifestation « officielle » cherchait à
rejoindre le point de rendez vous, ils ont traîné des wagons sur la
voie ferrée, séparant la manif en deux partie, et moi j’étais devant,
et lors de la charge des CRS sur les manifestants pacifistes, j’ai cru
que j’allais mourir. A part ça ce sont des gens très cultivés et qui
ont une réflexion théorique qui n’est pas la mienne. Mais bon, il y a
black blocs et black blocs, la plupart de ceux que j’ai vu à
Strasbourg étaient de très jeunes adolescents habillés en noir et qui
n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient. La plupart étaient
suivis par de petits casseurs du quartier. Ils n’étaient pas nombreux
(les BB) et les forces de police énormes amalgamés sur place auraient
pu facilement les arrêter. J’ai vu de mes yeux vu des manifestants
pacifistes essayer d’arrêter les black blocs, et les hélicoptère de la
police les gazer de manière aérienne. J'avais jamais vu ça de ma vie,
des lacrymo par hélico. Les black blocs, eux, ils s’en foutent des
gaz, ils ont des masques sous leur foulard.
Question : le rôle de la presse ?
La presse, je suis verte, ils n’ont pas arrêté de nous poser des
questions. Le camp autogéré leur était interdit, sauf une heure par
jour, et ils n’arrêtaient pas de nous le reprocher ; les journalistes
nous disaient « oui, vous ne savez pas tirer parti de la presse »,
pourtant, on a répondu à des tas de questions, on a fait des tas
d’interviews sur notre désir de Paix dans le monde, et rien n’est
sorti dans les journaux, à part les black blocs et les photos
d’immeubles qui brûlaient. Au moins un journal aurait pu faire un
petit article soulignant que 10.000 personnes s’entassaient dans un
camping indigne sans aucun incident et décidés à manifester pour la
paix. Mais rien, nada. Aussi une chose que je reproche à la presse
c’est que j’ai souvent lu « une station service, un office de
Tourisme, une pharmacie et une église brûlent à Strasbourg », c’est
totalement faux. C’est les locaux d’une ancienne station service, qui
abritaient une pharmacie et un office de tourisme qui ont brûlé, il
n’y avait qu’un seul bâtiment, quant à l’église, elle n’a rien eu, à
part quelques tags (de Victor Hugo) sur la façade, il y a aussi la
polémique de l’hôtel : un hôtel Ibis a brûlé, certains disent que
c’est les BB, d’autres que ce sont les fusées explosives jetées du
haut des hélicoptères qui ont mis le feu. Je ne me prononcerai pas sur
la polémique, mais j’ai des photos du début du sac de l’hôtel, et il
n’y a aucun incendie, j’ai vu de mes yeux vus les policiers français
refuser le passage aux pompiers allemands, il s’est passé bien deux
heures entre le début des incidents (une toute petite fumée) et
l’arrivée des pompiers. Moi même j’ai été blessée par des pierres que
nous jetaient les CRS, les casseurs ne sont pas toujours ceux qu’on
croit.

Question : Conclusion sur votre retour.
Ben le retour, c’était épuisant, il y avait des bout de manif partout
dans la ville, et la police nous a obligé à refaire le parcours en
sens inverse pour revenir au campement, 17 km à pied.
Question : Et alors, la suite de l’histoire  ?
Ben la suite, je sais pas, j’hésite entre retourner à de grandes
manifs, comme Strasbourg, ou prochainement la Turquie, ou alors me
consacrer uniquement à la communication. Le rôle des médias est
atterrant, il faut faire quelque chose : pour moi, ce sont les
journaux - ceux qui refusaient avant Strasbourg de parler de nous et
qui après n’ont parlé que des black blocs - les premiers coupables,
Tag(s) : #démocratie
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