Voilà que sur un autre blog bayonnais paraît il y a quelques semaines le mail que nous avons été nombreux à recevoir lors des dernières grèves, sur les soits disants "dérives" de la SNCF.
Le mail a été reconnu mensonger, on en a parlé à la télé et à la radio, la SNCF a communiqué là-dessus.
Je lis l'article, publié en novembre, avec un peu de retard, et laisse début décembre un com à son "auteur" (mais ce qu'il publiait n'était pas de lui, mais d'une certaine société "ETHIC" (sic)) pour lui dire de supprimer son post, qui est mensonger. Il ne me répond pas, et les messages s'accumulent sur son blog.
Aujourd'hui j'y retourne, et laisse un nouveau message (voir cette page). On verra bien ce qui va se passer. En attendant, je vais vous communiquer ci-dessous la réponse (bien documentée)  de la SNCF au bloggeur incriminé.

voici la réponse du service communication de la SNCF :

Vous venez de lire (ou de m'envoyer) un mail -qui circule depuis des lustres- sur la SNCF.
Attention danger : ce mail comporte des virus mensongers et injurieux.
(...)
Bon, voici des éléments de réponse précis. Faîtes circuler…

Recettes annuelles : 9 milliards d'euros
Trop court, jeune homme ! Prenez votre calculette :
Pour 2004,
- 8,6 milliards d'euros proviennent directement des clients voyageurs et fret,
- à cela s'ajoutent 500 millions d’euros de compensations tarifaires nationales et régionales (cf plus bas),
- et 2,7 milliards qui rémunèrent le travail des cheminots assurant l'entretien du réseau, c’est un contrat de prestation comme tous les autres,
- et 900 millions de travaux pour RFF
- et 1,9 milliard qui rémunèrent les missions de service public effectuées pour les Régions (même chose : ce sont des contrats passés avec elles),
- et 900 millions de recettes commerciales, hors transports,

Soit, pour 2004, 15,5 milliards d'euros de recettes correspondant à des services rendus, effectués et achetés.

Budget annuel : 18 milliards d'euros
Impossible de trouver trace d'un tel chiffre. Il ne correspond à rien.
Rappel : un budget précise les objectifs en termes de charges et de dépenses.
Pour info : le chiffre d'affaires de la SNCF est de 15,5 milliards d’euros en 2004.

Subventions de l'Etat : 12 milliards d'euros
Là c’est pire en matière de n’importe quoi ! Cherchons-les, ces subventions…
- L'Etat verse à la SNCF une compensation, au titre de la politique sociale nationale, pour l'application de tarifs sociaux (familles nombreuses, veuves de guerre, militaires, ... qui ne paient pas le prix complet). C’est une obligation légale qui s'impose à la SNCF. Montant : 457 millions d'euros. Mais ce n’est pas une subvention, c’est la compensation d’un manque à gagner, imposé.
- Peut-être voulez-vous parler de la rémunération que la SNCF reçoit de la part des Régions ? Mais mauvaise pioche. Connex dans les transports, Suez ou Veolia pour l’eau, et toutes les entreprises du BTP … sont sûrement respectables à vos yeux parce qu’elles sont dans le business. Eh bien nous sommes exactement dans la même situation qu’elles : comme tout prestataire de service public, nous recevons une rémunération définie par contrat avec les régions (et le STIF en Ile-de-France) pour l'offre TER et Transilien : 1,9 milliards.
Un exemple : si vos enfants utilisent le métro ou le bus pour aller à l’école, ils ne paient pas le vrai prix : en fait, la région ou la ville décident de leur faire payer moins et elles nous règlent la différence. Manque de chance, ce ne sont pas des subventions! Ou s’il y a subvention, le bénéficiaire c’est vous !
- On pourrait continuer comme cela avec tous les pseudo chiffres… Mais voilà, en fait, il n’y a plus de subvention à la SNCF… Ou plutôt, si : pour 28 millions (et non 12 milliards !) liées aux emplois-jeunes, par exemple…
- Remarque : vous devriez faire des calculs de vraisemblance avec de sortir n’importe quel chiffre : vous auriez dû voir que 9+12 milliards, cela faisait 21 et non 18 comme vous le dites! Mais votre envie de dénigrer vous aveugle !

Financement des retraites : 14 milliards : en quoi, en euros ou en francs ??
Pas moins ? ou, pas plus ? Vous avez conscience des ordres de grandeur ?
Les retraites à la SNCF sont payées par les salariés, avec leurs cotisations, par l'entreprise et par l'Etat. Les avantages spécifiques du régime spécial de retraite des cheminots sont en totalité financés par l'entreprise elle-même et non par vos impôts.
L'Etat, de son côté, verse à la Caisse de Retraite (et non pas la SNCF) 2,37 milliards d’euros pour compenser le fait que les 165 000 cheminots actifs ne peuvent pas, à eux seuls, payer la retraite de 320 000 anciens cheminots. C’est d’ailleurs un Règlement de la Communauté européenne (n°1192/69) de 1969 qui fait obligation aux états membres (tous les états membres !) de compenser le déficit démographique pour les régimes de retraite structurellement déficitaires.
Ce rééquilibrage existe dans d'autres professions qui ont plus de retraités que d’actifs (les mineurs ou les sidérurgistes, par exemple). Cela existe même au sein du régime général, mais comme vous ne le voyez pas, vous pensez qu'il n'existe pas ! En effet, les cotisations des actifs d'une profession en croissance (au hasard, les informaticiens), parce que plus nombreux, paieront en fait la retraite d'anciens d'une profession dont les actifs sont moins nombreux que ses propres retraités (toujours au hasard, les ouvriers du textile). C'est la solidarité nationale, mais noyée dans le régime général, on oublie de s'en souvenir !
Remarque : vous voyez à quel point l’entreprise s’est restructurée et modernisée pour passer de 450 000 cheminots à la Libération à 165 000 aujourd’hui…

Dettes à financer : 2 milliards : en quoi, en euros ou en francs…
…de toute façon, le chiffre est faux.
En 1997, la dette de la SNCF qui restait à la SNCF après la création de RFF, s’élevait à 7,5 milliards d’euros. Elle correspondait aux déficit d’exploitation antérieurs. Elle est aujourd’hui de 6,5 milliards d’euros. Elle a donc baissé , de beaucoup!
Vous nous parlez du Crédit Lyonnais, sauf que la dette de RFF (qui s’élève à 27,6 milliards d’euros aujourd’hui, alors qu’elle était de 20,5 en 1997) correspond à des investissements d’infrastructure (essentiellement, les lignes nouvelles à grande vitesse … que tout le monde réclame). Ils ont été faits au nom de l’Etat pour le bénéfice (réel et reconnu) de toute la collectivité nationale et non par aventurisme dans l’univers du cinéma…

Salaire d'un conducteur TGV : 2200 euros nets au début à 4880 euros en fin de carrière auquel il faut ajouter des primes !
Alors là, on est en plein délire et désinformation primaire !
Le salaire net mensuel d'un conducteur s'échelonne de 1 500 à 1 800 euros au début, puis à 3 000 - 3 400 euros en fin de carrière. Dans tous les cas, PRIMES COMPRISES (dont la compensation pour horaires de nuit) ! On est loin des 75 000 euros nets annuels claironnés.
Au fait : la prime de charbon n'existe plus, depuis bien longtemps. Abandonnez Zola pour d'autres lectures ! Quant aux autres, elles sont soit banales car elles existent dans toutes les entreprises, soit joliment inventées.

Les horaires de travail ne sont pas de 25 H par semaine, mais de 35 H. Et, comme vous, ces horaires sont faits de multiples tâches : la conduite, bien sûr, mais aussi les vérifications techniques de sécurité.

La retraite à 50 ans, elle ne concerne que les conducteurs. Vous vous voyez, vous, avec la responsabilité de conduire seul des trains de nuit ou des trains de voyageurs roulant à 300 à l’heure, avec des geste de vigilance toutes les minutes ?

La gratuité des soins ? Comme partout ailleurs, la Caisse de Prévoyance (et non pas la SNCF elle-même) passe des conventions avec des établissements de soins, et comme partout ailleurs –y compris pour vous-, les complémentaires, ajoutées aux remboursements de base, permettent de couvrir à 100% CERTAINES prestations. Un mythe s'écroule...

La gratuité des transports ? là, c'est un fantasme qui implose : les cheminots, et plus encore leurs familles, ont toujours une partie du billet à régler ! On le sait bien pourtant : la gratuité n'existe pas !

Il n’existe pas de « prime d’absence de prime » pour les sédentaires, comme vous essayer de le faire croire. Celle-là, on ne nous l’avait jamais faite !

Puisque vous aimez les chiffres, en voici quelques uns :
- Progression du trafic Grandes Lignes depuis 1996 : + 26% (+ 70% pour le TGV)
- Progression du trafic TER depuis 1996 : + 32%
- Progression du trafic Transilien depuis 1996 : + 12%
-Résultat courant semestriel fin juin 2005 : + 82 millions d’euros

Bon, relisez le mail d’ETHIC (sic), ça va vous faire drôle !
Tag(s) : #démocratie
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